Matari'i ...

Il y a un mouvement ici, vers un "revival" de la culture tradtionnelle, dévastée par l'arrivée en force de la culture occidentale, qui s'est "imposée" bien vite, et a presque fait sombrer dans l'oubli de vieilles traditions porteuses pourtant de fortes symboliques...
En voici une..

Matari'i  , c'est... la constellation des Pléiades!!

Les Ma'ohi (le peuple polynésien) étaient de fins connaisseurs de la carte celeste, on en a deja parlé pour les migrations oceaniques.. et l'etude de la voute étoilée leur servait aussi à se repérer dans le temps...

Dans l'hemisphère sud, la constellation des Pléiades n'est visible que 6 mois par an, et elle "monte" dans le ciel austral aux alentours du 20 novembre ou elle restera visible 6 mois.. jusqu'au 20 mai.  Cet évènement divisait l'année en deux périodes se superposant à l'alternance des saisons et des cultures..

Les 6 mois en présence des Pléiades donnaient la période "Matari'i i ni'a" :
traduisible par "Pléiades au dessus".. qui correspondent a la saison des pluies, période d'abondance pour la flore et les récoltes, l'été austral..
Les 6 mois d'invisiblité de la constellation donnaient la périoe "Matari'i i raro" :
traduisible par "Pléiades en dessous", période moins chaude et plus sèche, moins favorable sur le plan alimentaire, l'hiver austral..

Pendant "Matari'i i ni'a" on vivait une abondance de fruits , légumes, et particulièrement de l'arbre à pain dont on a déja parlé (le Uru) qui était un pilier de l'alimentation, avec sa recolte principale pendant la période d'abondance, tandis que l'on craignait d'eventuelles secheresses pendant "Matari'i i rora"... Encore maintenant l'ete austral c'est la pleine saison des mangues, papayes, avocats, goyaves et bananes.. que nous vivons en ce moment..

Rajoutons a cela la période de reproduction de nombreux poissons de lagon, plus abondants pendant l'été austral, qui rythmaient la peche, les anciens ayant definis des périodes d'interdiction de peche, pour perenniser la ressource des poissons ... (Moins betes que nous?)

Bien sur , comme dans toutes les sociétés anciennes, ceci s'accompagnait de rites et de célébrations, avec des offrandes aux dieux (par exemple offrande de la premiere peche de bonites, la période correspondant avec la levée de l'interdiction) et des rites de bienvenue marquant le retour des defunts qui revenaient visiter leurs proches a cette période..

Alors, le 20 novembre, des gens se rassemblent a l'est de l'ile, du coté ou les Pléiades apparaissent, une fleche enflammée est tirée en direction de la constellation réapparue, et des danses tarditionnelles celebrent le retour de l'abondance et la memoire du passé...

D'après les associations qui sont a l'origine de ca, il ne s'agit pas de nostalgie d'un passé révolu, mais de se ré-approprier une façon de concevoir notre rapport a la nature et a l'environnement, autre que celle, occidentale,  d'une nature qui doit se soumettre a l'homme, en remettant a l'honneur la conception polynésienne de l'homme partie intégrante d'une "nature-mère"  a qui il est redevable et qu'il doit respecter...

Tiens, tiens... voila qui  n'est pas si has-been que ca......

Allez, je vous laisse avec les Pléiades a retrouver dans votre ciel du nord, et a méditer comme chaque fois qu'on se plonge dans les étoiles...