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22 juin 2009 1 22 /06 /juin /2009 07:50
Nous vous avons montré des photos de l’île, avec quelques impressions ...mais bien sur, ce qui vous intéresse, ce sont les légendaires statues de Rapa Nui, (l’île de Pâques)…

On les appelle des Moais (en langue pascuane, qui a  persisté après la disparition de la vieille civilisation.. même si elle se mâtine petit à petit d’espagnol et est de moins en moins parlée). 
Il y en a environ 900 sur l’île, dont le style a évolué avec le temps. Ils sont (presque tous) dos à la mer, « surveillant » un territoire de l’île, et représentent des ancêtres des chefs de tribus censés détenir leur pouvoir (le « mana », comme on dit dans toute la Polynésie). Ils sont rassemblés (quand tout va bien ! il y avait de la casse pendant le transport !) dans des lieux de cultes dévolus à chaque tribu qu’on appelle  « Ahu ».

Comme vous le voyez, certains portent un chapeau fait en une roche volcanique différente extraite en un autre endroit de l’ile (pourquoi faire simple ?) et ils avaient deux yeux en corail blanc censés concentrer le Mana.. Les yeux ont tous disparus (le mana, ca ne rigole pas)…

Pour celui là, restauré, les yeux onté été refabriqués récemment....

Depuis la découverte de l’île le jour de Pâques en 1722 par …un norvégien méconnu, suivi 5O ans plus tard par le célèbre James COOK (qui laissera les premiers écrits sur le peuple de l’époque), le monde s’est passionné pour ce géants énigmatiques et la civilisation à jamais disparue qui les a créés.
Chacun y est allé de son fantasme en allant du continent englouti (version pacifique de l’Atlantide),  au passage des extraterrestres (selon Mulder et Scully), au peuplement venu d’Amérique du Sud (le célèbre Thor Heyerdal et son expédition en radeau , le Kon Tiki)


Ca laisse les Moais de marbre...ils ne rigolent même pas de toutes ces théories fumeuses...

Voici maintenant dans cet article, ce qui semble admis aujourd’hui (ca peut changer !) sur des travaux scientifiques pas tous exempts de critiques acerbes des différents scientifiques entre eux, et des légendes rapportées par la civilisation orale aux premiers européens par des témoignages dont on ignore la fiabilité (bobards exagérés en échanges de faveurs, dans un temps de misère noire ?).… Le mystère demeurera probablement à bien des égards inviolable… et les Moais ne livreront jamais tous leurs secrets...

Les avis divergent selon les méthode utilisées pour dater l’arrivée des premiers habitants. On l’estime entre l’an 300 et 900 après Jésus-Christ . La légende dit que c’est un roi vaincu, Hotu Matu’a,  qui a fui son île lointaine avec ses 6 enfants jusqu’à aborder Rapa Nui déserte et fonder sa civilisation et les 6 tribus initiales. Ce qui semble certain en revanche, c’est que le peuplement s’inscrit dans les grandes migrations successives de la Polynésie, partie d’Indonésie vers la Mélanésie puis les Marquises, d’ou est partie la dernière vague de peuplement, vers Tahiti et….Rapa Nui.

On distingue 2 périodes dans la civilisation pascuane :
- Première période : « Ahu Moai » : la période des grands Moais, de 7 à 10 siècles, avec 10 ou 12 tribus dans un système très hiérarchisé dominé par une caste « royale » (les Arikis) période qui est marquée par le fabrication des Moais dans une carrière qu’on visite aujourd’hui, d’ou ils étaient transportés par un système inconnu (on n’a que des hypothèses)… Ils pèsent quand même, selon les périodes de 20 à 70 tonnes !

La carrière est un endroit incroyable... des dizaines de statues inachevées, en partie recouvertes de terre ou brisées pendant le transport...

On peut même voir les statues en cours de taille au sein même de la roche, suggérant que la production a été bloquée de façon brutale et...imprévue !


- Deuxième période : « Huri moai » : la fin de la production des grands Moais, l’apparition d’un autre culte celui de l’homme oiseau et ce qu’on appelle la décadence de la civilisation pascuane.. Cette période a curieusement (on y reviendra) un début très précis (1680) et s’arrête de façon conventionnelle ..à l’arrivée des missionnaires.. C’est cette période qu’on découvert les explorateurs occidentaux, ce qui a laissé quelques témoignages, alors qu’on a rien sur la période précédente.

Une sculpture de l'homme oiseau à même la roche sur le site ou se déroulait le culte :

On note au passage sur un plan politique, que le culte de l’homme oiseau aboutissait une fois l’an a définir la tribu qui avait en charge la suprématie de l’île pendant un an, ce qui permettait en théorie de donner le pouvoir à chaque tribu (le tout était de remporter la compétition annuelle du culte de l’homme oiseau !) contrairement à la caste royale inamovible de la période précédente…

Et puis, la suite, je vous en ai parlé dans un article précédent.. Arrivée de la civilisation occidentale, ses missionnaires qui font disparaître toutes les coutumes, les aventuriers de tous poils et les gouvernements sans scrupules, l’exode, les maladies, la déportation et une civilisation certes décadente, mais encore présente.. qui disparait.. purement et simplement…laissant derrière lles les énigmatiques statues qui n'en finissent pas de nous fasciner..

Et maintenant, une des plus grandes questions. Pourquoi la fin de la période des Moais, et de cette grande civilisation, brutalement en 1680… ? Moult théories.. Une a ma préférence….

On est certain de tribus en conflits sanglants pour des questions de territorialité, de pression démographique et alimentaire sur cette ile minuscule. On parle dans la légende de deux tribus majeures les « longues oreilles » et les « courtes oreilles » d’ailleurs visibles sur les Moais… On sait que les longues  oreilles étaient la tribu dominante…

On constate que tout s’est fait très brutalement, en 1680.. Surtout on constate que les navigateurs ont trouvés la plus grande partie de Moais abattus, face contre terre, puis, au début du 19° siècle, qu’ils étaient TOUS abattus… (les « Ahu » que l’on visite on été restaurés progressivement dans les 50 dernières années, en redressant les Moais abattus…).

Bien humblement, derrière mon écran, sur notre petit blog, je trouve que la théorie la plus vraisemblable vient du matérialisme dialectique.. la faim, la misère, une tribu supérieure aux autres qui les exploitent depuis des siècles, et c’est la révolution.. tout simplement ..en 1680.. les tribus « inférieures » se révoltent de façon sanglante, mettent à bas les Moais symboles du pouvoir ancien et instaurent le culte de l’homme oiseau, avec un pouvoir qui change de tribu tous les ans, version très particulière d’une ébauche de démocratie … mais cela ira vers la décadence et l’anarchie, d’une société en déclin, proie facile pour être broyée par la nôtre….

Et si le plus troublant n'était pas les statues fièrement redressées sur leurs lieux de culte, mais cette photo d'une statue abattue, face contre terre, avec sa coiffe qui a roulé un plus loin, telle que les a trouvées James COOK, témoin non seulement d'une civilisation disparue mais aussi  du peut-être inévitable  conflit qui l'a mené à sa perte ?

La tragique histoire des Moais de l’île de pâques… je vous avais prévenu….

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7 juin 2009 7 07 /06 /juin /2009 04:49
Le souvenir de l'ile de Paques étant plus fort qu'un seul article, il me fait revenir vers vous
alors que l'hopital oublie de m'appeler pendant ma garde et que le ciel est couvert (mais si, ca arrive !) :
On n'ira pas a la plage aujourd'hui...
Une pensée aujourd'hui pour toutes les mamans, bien sur..
et une en particulier....Ma fidèle lectrice.....
Vous ca ne vous regarde pas, mais elle, elle lira entre les lignes,
et elle y trouvera toutes mes pensées pour elle...

Après quelques photos de paysages, d'autres impressions de l'ile de Paques....

A quoi ressemble Hanga Roa ?
A une bourgade du bout du monde de 4000 habitants, au pied des contreforts volcaniques...

Bon quand meme, il y a une discotheque, il faut bien que les émois de la jeunesse trouvent a s'exprimer ....


Mais, sinon c'est grands espaces a volonté, puisqu'il n'y a pas d'autre localité...
Et les 4x4 ici portent les marques de leurs expéditions hors des sentiers, contrairement aux monstres rutilants de Tahiti qui ne sortent pas souvent de la route !


Bon, vous l'avez compris, le niveau de vie n'est pas le meme....

Sortons un peu de la "ville" et on verra qu'il n'y a pas (encore) que des 4x4,
On rencontre souvent en pleine nature  un clin d'oeil à un mode de vie plus ancien..

Avant, tout le monde montait a cheval.. Il y en a encore partout en liberté dans les vastes étendues...

J'en connais une qui adorerait ca....

Mais le temps passe...et on rencontre maintenant des cow-boys d'un nouveau genre qui ramènent le troupeau le soir en zigzagant en tout terrain et en affolant ces pauvres vaches bouleversées..


Le dimanche, on vient  passer la journée au bord de la mer,dans un coin tranquille (ce n'est pas la place qui manque) en contemplant l'océan..


Au détour d'un chemin, un habitant de l'ile, importé pour lutter contre l'invasion des rats arivés dans les cales des bateaux et qui n'avaient pas de prédateurs...
Ici, les faucons ne sont pas farouches, roi des airs sans contestation, et posent fièrement pour la photo...


Magnifique et fier...
Je pense que quand l'heure de la retraite sera venue, il y aura une place dans ma vie pour les oiseaux..
Je les trouve fascinants...

Allez, on va laisser les pascuans continuer leur route a la lumière du jour qui baisse...



Il tourne le dos, j'éspère, au passé douloureux de cette civilisation découverte par les grands navigateurs en 1770,
en pleine "décadence" après que le culte des Moais ait été renversé, civilisation dont les contacts avec le monde moderne  lui on amené l'oppression et la barbarie..

Déportation massive dans les mines du Pérou en 1863, avec équivalent de génocide, les quelques survivants ramenés par bateau sous la pression internationale ramenant avec eux ..la variole faisant passer la population de 5000 à quelques centaines avec disparition de toute l'élite intellectuelle et  mort de la civilisation précédente...

Ne restait qu'une poignée de gens incultes à la merci d'aventuriers sans vergogne a qui l'ile était concédée, comme un certain Dutrou (ca ne s'invente pas) qui se proclame depsote avec droit de vie et de mort, droit de cuissage,etc..
entrainant un exode vers...Tahiti ou persiste de nos jours une importante communauté pascuane a Faa'a...
Ce monsieur corromp en 1870 le capitaine du dernier bateau qui emmenait les derniers pascuans fuyant cet enfer et ils sont 180, redébarqués par traitrise du bateau de leurs espoirs, qui devront rester de force et sont les ancetres de tous les pascuans modernes...
Pierre Loti y passe deux ans plus tard et décrit ..une misère noire...

Le passage sous domination chilienne ne se révèlant ensuite pas fameux non plus... le Chili concède au 20° siècle l'ile a une compagnie Anglaise qui élève des dizaines de milliers de moutons et parquent les pascuans a Hanga-Roa en les entourant de barbelés gardée par les chiliens !!! ils ne seront a nouveau libres de circuler dans leur ile qu'en 1960, avec une identité et le droit de vote en 1966......hier....
Les pascuans s'en rappellent et leur passif avec le Chili reste vif, les gens qui ont vécus ca sont persuadés qu'on leur inoculait la lèpre au dispensaire chilien pour les faire disparaitre...!!

Douloureux passé .... Comment faire avec un tel héritage..?


Heureusement, il y a les Moais qui attirent maintenant les touristes du monde entier ce qui est la principale ressource de l'île, sinon ca serait la misère....encore....
Ce n'est certainement  pas a ca que songeaient les batisseurs de ces statues dans l'ancien temps, mais a travers les siècles, il est effectif qu'ils assurent indirectement la survie de leurs descendants en attirant les visiteurs du monde entier......
Visiteurs qui, (enfin) viennent en paix....


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1 juin 2009 1 01 /06 /juin /2009 05:35
"Los pasajeros para la isla de Pascua,..."
Déja, au départ de l'avion de la compagnie Lan Chile qui relie Papeete à Santiago, via l'ile de Paques, le dépaysement est au rendez-vous.. (mais bon sang,  pourquoi est-ce que j'ai fait allemand comme deuxième langue?).

Le week-end de l'Ascencion est idéal pour 4 jours a l'ile de Paques au départ de Tahiti, puisque la rotation vers le Chili se fait le jeudi avec retour le dimanche..alors, nous avons voulu profiter de notre année dans le Pacifique pour aller à la rencontre de cette destination mythique....Enfin surtout moi ...
Enfant, mes parents m'avaient offerts un gros livre "Les grandes énigmes de la Terre.." avec une photo des statues de l'ile de Paques, que j'avais lu et relu en pensant impossible d'aller  les voir un jour à l'autre bout du monde..
Et finalement, m'y voila...Il ne faut pas m'offrir des livres de voyages.. ca a des effets importants chez moi....
Je leur dédie ce voyage qu'ils ont involontairement provoqués en m'achetant ce livre...il y a bien longtemps...

Difficile d'imaginer un endroit plus différent par rapport aux autres iles du Pacifique...
D'abord, c'est l'ile habitée la plus isolée de la terre, la plus proche présence humaine étant à 4000kms (soit Tahiti à l'ouest, soit le Chili à l'est)..
Ensuite son histoire dont on reparlera dans un autre article est unique et tragique, le niveau de vie est très différent, la langue n'est pas la même,et la géographie et le mode de vie de ses 4500 habitants, mâtiné de mentalité insulaire et d'amérique du sud n'ont rien de commun avec la polynésie française,
Et enfin, ses géants énigmatiques interpellent l'homme moderne, fasciné par une culture à jamais perdue et qui gardera pour toujours une partie de son mystère, ouvrant toutes grandes les portes de notre imaginaire...


Toute l'ile...est un parc national !! A l'entrée du musée local, le plan du parc est donc aussi le plan de l'ile qui vous montre la forme en triangle de ..23 kms dans son grand axe avec un volcan à chacun des trois angles...

L'arrivée se fait à Hanga Roa, l'unique bourgade située du coté de la pointe sud-ouest..sur une piste au milieu de nulle part construite il y a 30 ans.. avant c'était.. 4000 kms en bateau de la terre la plus proche !
Vue de Hanga Roa (pas vraiment la grande métropole..)

Et une photo de l'unique port de l'île à Hanga Roa ... c'est dire que les bateaux qui viennent doivent rester au mouillage à distance, non abrités, débarquer par canots à moteurs et qu'ils ne se bousculent pas ...


Juste deux clubs de plongée, trois ou quatre surfeurs  non loins et quelques pêcheurs.... . La pêche leur est achetée à l'arrivée au port et acheminée immédiatement au Chili, d'ou... dans cette ile des difficultés pour le moins paradoxale d'approvisionnement en poisson dans les restos (il n'y avait plus de thon, parti au Chili !!)

Ensuite nos ballades accompagnés par l'adorable Lionel, à la fois notre hôte et notre guide, venu il ya 15 ans visiter l'île et qui n'en est plus reparti pour les beaus yeux de Tita....Il connait l'île comme sa poche et s'est passionné pour ses mystères..

J'ai trouvé une grande diversité d'impresions que je vous propose en quelques photos, pour suggérer la diversité des paysages, à mille lieue des îles que nous vous avons montré jusque là...

Certaines landes et couleurs brunes sous la pluie font irrésistiblement penser à notre voyage fondateur, il y a presque 30 ans...
Une impression ...irlandaise...

Des collines herbeuses, quelques barrières à perte de vue et des chevaux partout en liberté...
Notre fille  reconnaitra .. le Wyoming...



Une côte rocheuse battue par les vagues de l'océan : comment ne pas ressentir un air breton..


Mais en regardant un peu plus loin, un petit groupe de Nîmois se rappelera des calanques méditerranéennes...

Un passionné de volcans (nous étions avec deux géologues.. extatiques) se passionnera devant le cratère spectaculaire du volcan Rano Kau avec un lac dessinant une mosaique miroitant dans la lumière..

Eh oui, l'île de Pâques, c'est tout cela à la fois... mais avant tout... c'est le pays des Moais...


Bien sur, c'est eux qu'on est venus voir.. On leur consacrera un article spécial, ils le méritent bien..

Ils sont la, hautains, énigmatiques,  ils nous attendaient,  ils survivent à ceux qui les ont crées , ils nous survivront,  ils nous rappellent qu'une civilisation, ca nait et ca meure, et  ils n'en finissent pas de nous questionner sur la fragilité des choses humaines et notre désir de laisser quelque chose derrière nous...




                                                   O grand Moai, qu'essayes tu de nous dire  ?

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